RESUME :
Jusqu'où peut encore aller la télé-réalité ? C'est ce que vont découvrir dix inconnus à leurs dépens. Candidats involontaires d'une toute nouvelle émission, ils n'ont d'autre choix que de jouer... Le but ? Trouver la sortie, pour retrouver leur vie. Qui sont-ils ? Pourquoi eux ? Qui a décidé de les pousser dans la lumière sans qu'ils l'aient demandé ? Entre rivalités, enfermement, amour, rires, et questionnements, ils s'enfoncent petit à petit dans un jeu malsain qu'ils ne maîtrisent en rien. Un jeu qui pourrait bien ne pas en être un. En changeant de perspective, l'entrée devient la sortie... CHRONIQUE : La « Maison des Guidés », écrit par la talentueuse Arielle Sautet et publié aux Editions Mots en Flots, se révèle être un roman à la hauteur de mes attentes. Autant dire que c’est une merveille que je vous conseille ! Un autre coup de cœur pour ce roman. Décidément… cette maison d’édition est surprenante ! Pour commencer, je dois dire que je déteste la télé-réalité et j’étais curieuse de découvrir ce que l’auteure tenterait de démontrer à travers son livre. J’ai vraiment été conquise. J’ai d’abord été frappée par le vocabulaire. Aucune censure au niveau de ce dernier, tout peut se dire et l’auteure retranscrit les dialogues de manière à nous immerger totalement dans son monde. La rudesse de ces derniers choque tellement qu’on a l’impression, parfois, d’entendre les protagonistes se disputer autour de soi et non dans sa tête. Le lecteur fait partie intégrante de ce récit, il est l’œil du cyclone, le voyeur qui observe les personnages, avide d’en savoir plus. Les descriptions sont également très poussées. On rentre directement dans le vif du sujet. Les 10 candidats apparaissent tous au début du récit et chacun à leur tour font une petite visite des lieux qu’ils interprètent chacun à leur manière. L’auteure prend bien le temps de décrire tous les protagonistes, de leur donner une vie et un visage aux yeux des lecteurs de manière à ce qu’ils ne se confondent pas durant la lecture. On apprend donc tout de suite à les distinguer… et à s’y attacher. Malgré les descriptions qui se succèdent, le début n’est pas lassant pour autant, ni répétitif. L’auteure le fait avec cynisme, justesse et humour. Un mélange tout à fait convainquant ! Passons aux personnages… Ces derniers ont des caractères bien trempés qui sont mis en avant de sorte à ce qu’ils jouent tous un rôle essentiel dans le développement du récit. Les personnages sont typiques de la télé-réalité, leurs défauts et leurs atouts sont poussés jusqu’au paroxysme. Ils ont donc bien leur place dans ce type d’endroit, pour divertir un public vivant par procuration. Toutefois, ils ne restent pas tous bien longtemps aussi insignifiants et on apprend vite des informations croustillantes sur leur passé. Être enfermés les pousse à se poser des questions sur la raison de leur présence en ces lieux et ces interrogations vont faire avancer l’histoire tout en étoffant l’intrigue qui n’est pas banale. Même si certains personnages sont niais et énervants, ils contribuent au charme du roman et leur absence de matière grise est compensée par des gestes tendres et sincères. Certains protagonistes vont donc sortir de leur douce torpeur pour dénoncer avec une hargne non contenue le voyeurisme et la déshumanisation dont ce type d’émission fait preuve. L’humain est relégué au rang d’objet et n’a pour but que de divertir un public à la recherche de sensations fortes. Un public qui manie les ficelles des sentiments sans aucune considération. Un public qui veut toujours plus d’action et de violence, oubliant que les Guidés ne sont que des humains insignifiants qui n’ont pas pu choisir leur destin. Le scénario, d’abord totalement semblable aux émissions de télé-réalité émises de nos jours et dont certains se nourrissent, se différencie bien vite par son originalité, sa mise en scène et le sadisme poussé à l’extrême. Voilà le mirage des prochaines séries auxquelles nous allons avoir droit si nous continuons d’enterrer le respect et de le piétiner comme nous le faisons déjà maintenant. Le scénario est avant tout permis grâce à l’état d’esprit des personnages, ingénieux, qui traduit parfaitement l’atrocité de ce jeu. Les messages qu’Arielle essaye de faire passer à travers ce texte sont tous plus bouleversants et révoltants les uns que les autres. Le plaisir des uns naît du malheur des autres. Comment peut-on permettre de telles émissions, proches de l’abomination ? Comment peut-on fermer son cœur et ouvrir ses yeux devant un tel spectacle ? Le seul point négatif du roman réside dans un seul passage… un seul dialogue. Ce dernier, dégoulinant de sentiments, est une exagération d’amour et de mots doux qui n’ont pas leur place dans un univers tel que celui-ci. Il est surjoué, exagéré et dérange. Je n’ai pas reconnu les deux protagonistes à travers ces deux bisounours… Heureusement, tout est vite rentré dans l’ordre pour me permettre de savourer le récit à nouveau ! Ce livre est comme une drogue, on décide de ne se limiter qu’à un chapitre « juste de quoi se changer les idées… », mais il est tellement addictif que se contenter de si peu est impossible. Les pages défilent et on est pris de frénésie en les tournant. Alors quand on arrive à la fin… on comprend sans détour ce que ressent un des protagonistes en manque (je ne dirai pas de quel personnage il s’agit :p ). La dureté des propos et la réalité tangible qu’ils dénoncent ne peuvent que heurter les sensibilités et faire prendre conscience des dérives de notre monde. La plume percutante de l’auteure est un véritable régal ! Merci à elle pour ce roman et cette fin MAGISTRALE ! Vivement le tome 2 et ses surprises…
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
|